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11 Jan 2018

Nouvel extrait de Ma vie sera pire que la tienne

De tristes réverbères arrosent d’une lumière blafarde la carrosserie immaculée d’un crossover noir grand luxe. Vitres fumées, intérieur cuir, chromes satinés, caméra de recul et assistance au stationnement, il a toutes les options. Il coûte une blinde, mais il a été volé. À son bord, des têtes connues : trois présidents et un chauffeur. Un excellent chauffeur.

La voiture sort de la rocade, emprunte à vitesse réduite une route secondaire et débouche sur un parking planté au milieu d’une zone d’activité sans âme. La nuit est chaude. Sans étoiles. C’est la canicule. L’air est irrespirable.

Le chauffeur se gare. Le choix de l’emplacement n’est pas le fruit du hasard. C’est la meilleure place pour apprécier le spectacle. D’ici, on peut tout voir : les entrées, les sorties, les à-côté. La devanture du casino scintille en lettres de feu. BABYLONE.

Chirac a l’œil. Il a remarqué une nana bien balancée à l’entrée. Une déesse. Il n’a jamais résisté au spectacle d’une croupe qui se dandine. La femme est superbe dans sa toilette à cinq mille euros. Le galbe de ses jambes confine à la perfection. Elle tient son sac tout contre elle comme s’il était la chose la plus précieuse au monde. De l’autre côté, sa main parfaitement manucurée effleure celle de son faire-valoir du soir : un homme âgé au cuir tanné. À sa décharge, il est plutôt classe dans son complet Corneliani. Chirac l’envie. Chirac le déteste. Il aimerait être à sa place. Une femme du monde, ça doit avoir une saveur unique. Puis il se ravise. Il est là pour le fric, rien que pour le fric.

Hollande a de petits yeux. Ça ne l’empêche pas de fixer le casino avec une remarquable acuité. Il a l’air de rien comme ça – il souffre d’un léger embonpoint et paraît niais de prime abord – pourtant c’est un cador de l’observation. Il voit tout ; il note les moindres détails ; il délivre des synthèses précises et circonstanciées. C’est un homme utile.

08 Jun 2016

Ma vie sera pire que la tienne - extrait

Hello,

Un extrait de ma prochaine novella noire et rurale.

Le pitch : Trois marginaux portés sur la boisson et la déveine s’improvisent voleurs du dimanche, et cambriolent une maison isolée dans la pampa. Malheureusement pour eux, rien ne se passe comme prévu.

Chapitre 1

J’ai la gueule en feu et la peau cramée par le soleil. Le jaja est censé tout faire oublier, mais en cet instant, je me dis que j’enfile les emmerdes comme des perles avec la régularité d’un coucou suisse.

La voiture, échouée sur le bas-côté, fume comme un sapeur. Plus d’huile dans le moteur. Quand on pique une tire dans un bled où le mariage consanguin est monnaie courante, faut s’attendre à ce type de désagrément. Foutue époque. On ne peut même plus faire confiance aux gens qu’on barbote.

Le ciel est d’un bleu parfait, et le soleil tape fort. C’est l’été. La canicule. La couenne colle sous les vêtements. Une légère brise vient rafraîchir l’air ambiant. C’est encore respirable. Pas tout à fait l’enfer.

Autour, la campagne s’étale à perte de vue. Des collines boisées et des champs perdus. Quelques maisons isolées, disséminées ici et là, paraissent bien calmes. Au loin, une voiture est en approche. Le bruit du moteur déchire la campagne, mais ce n’est rien par rapport aux hurlements de Mycose qui ruinent mes tympans. Il tient sa jambe droite. Elle pisse le sang. Un joli trou dans la cuisse. La peau est noire autour de la blessure. Brûlée. À l’intérieur, la guerre de tranchées en technicolor.

Paulo lui fait un garrot. Dans une autre vie, il était infirmier. Un bon, il paraît. Il a gardé le geste sûr, mais sa lucidité est restée consignée dans la bouteille de blanc qu’il vient d’écluser en douce y a pas dix minutes. Je ne sais pour quelle raison, mais il s’échine sur la jambe valide de Mycose tout en récitant un mantra appris lors d’une beuverie avec un drôle de gars qui était dans sa période « je fais des petits tas de sable avec des bonzes tibétains ».

 Paulo, ç’a beau être le cerveau de la bande, il fait des trucs vraiment bizarres. C’est comme la fois où je l’ai retrouvé au petit matin (après une nuit de godaille carabinée), les genoux et la tête posés sur le sable et les fesses pointant vers le ciel. Il ronflait peu concerné par les vagues qui venaient lui fouetter le visage au rythme de la marée. Il avait entamé une prière avant de sombrer. À croire que l’alcool le rend mystique, Paulo.

La voiture n’est plus qu’à une centaine de mètres. À son bord, la peste et le choléra réunis. Les cavaliers de l’apocalypse. Des gars solides comme des buffets normands et armés jusqu’aux dents. Ils nous ont en point de mire ; trois petites choses perdues dans la pampa de la vie. J’ai les sphincters qui lâchent un à un. La rencontre est inéluctable. Va falloir faire face. J’ai peur. J’en crèverais tellement que j’ai les foies. L’idée de partir en courant au milieu des champs me traverse l’esprit, mais impossible d’abandonner Paulo et Mycose. J’ai la loyauté fidèle. Je m’assois près de Mycose et pose sa tête sur mes cuisses. Il douille salement. Un rictus de douleur défigure son visage glabre et émacié. Je lui caresse ses longs cheveux filasse qu’il n’a pas lavés depuis des lustres. Paulo s’attaque enfin à la bonne jambe. Je ferme les yeux. Ça me calme. Je repense à cette journée. Elle avait si bien débuté. Je me demande encore comment on s’est fourré dans un tel merdier.

13 Apr 2016

Ma vie sera pire que la tienne

Retour en écriture avec Ma vie sera pire que la tienne, une novella rurale bien noire et bien serrée.

Le pitch : Quand trois pieds nickelés portés sur la boisson braquent une maison perdue en plein milieu de la pampa, ça donne des emmerdes à la pelle.

Ami(e)s lecteurs-trices, bientôt un extrait à lire ici !

 

27 Oct 2015

NOIRES DE PAU : 1995-2015, 20 ans dans le Noir!

Salut ami(e)s lecteurs, je serai à Pau avec Maddog à la Médiathèque Intercommunale André Labarrère le vendredi 30 octobre pour une rencontre littéraire proposée par les Noires de Pau avec les Editions In8. On parlera court et polar. Bref à déguster comme un expresso ! A partir de 18h00. Plus d'informations : http://www.noiresdepau.com/archives/2015/10/24/32825724.html

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